Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vail, les grâces du style, les préambules élégants, les beaux discours sont autant de pièces de conviction contre le ministre qui expose avec art les bons principes, et les élude ou les insulte dans l’exécution. »

Cette manière de justifier l’épigraphe du livre a déplu au roi ; une lettre de cachet, qui l’engageait à aller exercer sa noble censure au château de Saumur, mais dont il a pourtant eu le bonheur d’être prévenu quelques heures d’avance, a forcé M. de Mirabeau à quitter encore une fois sa patrie, et cet acte de justice a beaucoup mieux vengé toutes les personnes qui avaient à se plaindre de lui que l’épigramme suivante, qu’on attribue au prétendu comte de Rivarol :


Puisse ton homélie, ô pesant Mirabeau,
Écraser les fripons qui perdent nos affaires !
Le voleur converti doit devenir bourreau,
Et prêcher sur l’échelle en rouant ses confrères.


PORTRAIT DES MARIS,
CHANSON.

Un amant léger, frivole,
D’une jeune enfant raffole :
Doux regard, belle parole
Le font choisir pour époux.
Soumis quand l’hymen s’apprête,
Tendre le jour de la fête,
Au moment du tête-à-tête
Il faut déjà filer doux.

Sitôt que du mariage
Le lien sacré l’engage,
Plus de vœux, pas un hommage,
Plaisirs, talents, tout s’enfuit.
En vertu de l’hyménée
Il vous gronde à la journée,
Baille toute la soirée ;
Et Dieu sait s’il dort la nuit.

Sa contenance engourdie,
Quelque grave fantaisie,
Son humeur, sa jalousie,