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AdQuand la Victoire
Adopte un favori,
AdS’il fuit la gloire,
Elle court après lui ;
AdEt voilà l’histoire
De notre prince Henri.
AdGuerrier terrible
Dans le fort du combat,
AdQuoiqu’invincible,
Souvent le cœur lui bat ;
AdCar ce cœur sensible
Souffre pour le soldat.

AdHenri préfère
La paix à tant de bruit.
AdLoin de la guerre
Sa bonté, son esprit
AdRassurent la terre
De la peur qu’il lui fit.




MARS.

Le samedi 7 février, on a donné au Théâtre-Français la première et dernière représentation d’Astyanax, tragédie en cinq actes. L’auteur, M. de Richerolle, est d’Avalon en Bourgogne ; c’est tout ce que nous en avons pu savoir.

Plusieurs de nos poètes avaient déjà traité ce sujet ; Châteaubrun est le seul qui l’ait tenté avec quelque succès dans sa tragédie des Troyennes, imitée de la Troade de Sénèque. C’est, comme on sait, l’Andromaque d’Euripide qui a fourni au poëte latin l’idée vraiment dramatique de faire cacher le fils d’Hector dans le tombeau de son père, et de forcer ensuite sa mère à le livrer elle-même à ses persécuteurs plutôt que de le voir périr sous les ruines de ce monument que leur vengeance menace de renverser à ses yeux… Mais Châteaubrun, comme Sénèque, a bien senti que toute pathétique que pouvait être cette situation, elle ne suffirait pas seule à l’intérêt de cinq actes ; il n’en a donc fait qu’un épisode de son plan, et cet épisode, qui n’occupe guère que le troisième acte, est précédé et suivi du tableau de tous les