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Pour la récompense de son zèle, que n’a-t-il pu lire tout ce que fait le Dauphiné depuis six mois !


APOLOGUE.

Trois frères occupaient une même maison ;
Leur bien, leur intérêt, leur père était le même,
L’un était au premier, le cadet au second,
L’un Le dernier de tous au troisième.
L’un L’aîné battait ses gens, chassait,
L’un Buvait, et de tout s’amusait.
L’un Le second faisait des prières.
L’un Le dernier faisait les affaires
Et payait. Le ménage allait d’après cela
Tant bien que mal. Un jour la maison mal construite
L’un Craque, fléchit, et tout de suite
Du comble au fondement le mal se déclara.
Un architecte sage, et qui par ses lumières
L’un Ses talents, ses vertus sincères,
Se faisait en tous lieux admirer et chérir,
Mandé dans la maison, la voit, dit aux trois frères :
« Je peux la réparer, mais il faut vous unir.
L’un — Moi ! dit l’aîné, moi voir mon frère
Qui demeure au troisième ! ah ! vous riez, je crois.
L’un Mais où donc ? j’ai l’âme trop fière
Pour monter dans sa chambre. Eh ! qu’il vienne chez moi.
Oh ! disait le second, je suis chez moi, j’y reste.
Le dernier doit payer, l’aîné doit ordonner,
L’un Moi jouir et ne rien donner.
— Mais, disait le troisième avec un ton modeste,
Au lieu de nous fâcher tâchons de raisonner. »
L’un Vain souhait ! parole inutile !
Ils s’injuriaient tous sans titre et sans égard,
Lorsqu’au milieu d’eux parut certain bâtard
L’uDe la maison, qui faisant l’homme habile,
L’un Criait toujours, parlementait,
Sans qu’on le demandât descendait, remontait,
L’un Et ne restant jamais tranquille,
Raisonnait sans principe et parlait sans objet,
Le matin pour l’aîné, le soir pour le cadet.
Bien loin de l’apaiser il augmenta le trouble.
Mais alors que l’on crie et que le bruit redouble,
L’uLa maison tombe et les écrase tous.
L’un Français ! Français ! qu’en dites-vous ?

— L’extrême rigueur de la saison n’a pas empêché qu’il n’y