Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quement, pour déterminer les forces et les ressources de ces peuples.

Les manufactures et le commerce font la matière du quatrième et du cinquième livre. On y trouve l’exagération des principes économistes, mais un grand nombre de détails intéressants et curieux. Il paraît que l’auteur a travaillé sur d’excellents matériaux.

Le sixième livre n’offre que des aperçus sur l’état des revenus et des dépenses. M. de Mirabeau nous avertit lui-même, dès le commencement de ce livre, qu’il sera impossible de donner un calcul parfaitement exact ni de la somme des revenus du roi de Prusse, ni de celle de ses dépenses. « C’étaient, dit-il, autant d’objets couverts d’un profond mystère sous l’administration de Frédéric II ; il faudra donc que, sur plusieurs articles, le lecteur se contente de probabilités.

La fin de ce volume contient plusieurs pièces relatives à la régie de M. de La Haye Delaunay ; son Apologie, son Compte rendu et l’examen de ce Compte.

Le septième livre contient les affaires militaires et la tactique prussienne ; c’est la partie la plus étendue de l’ouvrage de M. de Mirabeau, mais c’est aussi la partie sur laquelle on sait qu’il a été le plus à portée de se procurer d’excellents mémoires.

Le huitième et dernier livre embrasse tout ce qui a rapport à la religion, à l’instruction, à la législation et au gouvernement ; c’est peut-être de tout ce grand ouvrage ce qui appartient le plus véritablement à M. de Mirabeau ; c’est là qu’on reconnaît le mieux l’empreinte particulière de son génie, la hardiesse de ses idées, la véhémence et la rapidité de son style. On en jugera par les morceaux suivants :

« Puisque nous ne raisonnons ici qu’en politiques et en philosophes uniquement animés des lumières naturelles, nous oserons dire que, s’il est une religion dont la tendance soit infiniment dangereuse pour l’humanité, pour les souverains, pour un souverain protestant, pour un roi de Prusse surtout, c’est celle dont le clergé s’oppose incessamment au progrès des lumières en tout genre, et professe un infatigable esprit de persécution pour tout ce qui concerne le culte, la croyance et les prêtres. De tous les fléaux, celui-ci est incontestablement le plus durablement nuisible au bien-être de l’espèce humaine ; et quant aux souve-