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L’objet de la seconde Lettre est de prouver qu’il existe une morale indépendante de toute espèce de culte et de religion ; mais quand cela serait rigoureusement démontré, il ne s’ensuivrait pas encore que cette morale puisse être mise à la portée du peuple, ni obtenir une grande influence sur les mœurs publiques et particulières, sans le secours des opinions religieuses, si propres tout à la fois à intéresser le cœur, à frapper l’imagination, à soumettre les esprits. Qu’opposer au témoignage universel de tous les siècles et de tous les pays ? En est-il un seul qui n’atteste qu’il n’y eut jamais de société civilisée sans une religion quelconque ?

Nous ne citerons de cette seconde Lettre que la première note. Il n’est pas inutile de remarquer que la brochure a paru au moment même de l’assemblée du clergé.

« L’Évangile n’a rien appris aux hommes en fait de morale ; le pardon des injures, la modestie, la charité, etc., tout cela est fortement recommandé dans tous les anciens moralistes : l’Évangile les a copiés ; et dire que sa morale est plus parfaite que celle de Zénon ou de Cicéron est une des fraudes pieuses qu’on ne devrait plus se permettre, d’autant que la religion chrétienne n’en a pas besoin. L’Évangile nous a appris que les cieux s’ouvraient à une certaine hauteur ; qu’il y avait trois personnes en Dieu, que la troisième personne descendait en forme de colombe, que la seconde viendrait juger les vivants et les morts ; que le diable entrait dans le corps des gens… Voilà incontestablement ce que l’Évangile nous a appris, et ce que l’esprit humain n’aurait pu imaginer, tant la science est impuissante et vaine. »




AOUT.

C’est le mardi 15 juillet qu’on a donné, sur le théâtre de l’Académie royale de musique, la première représentation d’Amphitryon, opéra en trois actes. Les paroles sont de M. Sedaine et la musique de M. Grétry[1].

  1. Voir tome XIV, p. 365, une épigramme sur cet opéra lorsqu’il fut représenté à la cour.