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tels que P. de Boussy, Hardy, Benserade et Boissin de Gallardon, etc.

La fable de Méléagre n’est, à vrai dire, qu’un épisode de cette tragédie, ce n’est qu’au commencement et à la fin de la pièce qu’il en est question. L’amour du Grand Prêtre pour Atalante en forme le sujet principal, et l’idée de cet amour est une imitation de celui de Corésus pour Callirhoé ; la catastrophe en est absolument la même. On eût pardonné à M. Lemercier un plan beaucoup plus défectueux ; on lui aurait pardonné également des écarts d’imagination, des fautes de convenance que son extrême jeunesse était si propre a faire excuser ; mais ce qu’on a pu observer sans peine, c’est que l’application avec laquelle on évite les fautes grossières lui manque beaucoup moins que l’heureux talent de les racheter par des beautés neuves et frappantes il n’y a rien ni dans la conception ni dans le style de son ouvrage qui puisse déceler la plus légère étincelle d’invention ; tout est copié, tout est réminiscences ; peut-être n’y a-t-il pas même dans le cours des cinq actes vingt hémistiches qu’on ne trouve exactement calqués sur des vers que tout le monde sait. La fortune d’une pareille tragédie est une démonstration frappante que de tous les ouvrages d’esprit le seul qu’on puisse faire aujourd’hui sans esprit, sans imagination, sans talent, c’est une tragédie médiocre. Il n’en est pas moins prodigieux sans doute qu’un enfant de quinze ans ait fait Méléagre, mais il ne serait pas très-étonnant que le jeune homme qui a pu faire ce miracle à quinze ans ne fît désormais rien qui mérite un véritable succès.

La pièce a été écoutée jusqu’à la fin, avec une attention et une bienveillance assez soutenues ; mais il n’a pas été difficile de juger quel était le sentiment qui l’inspirait. Le jeune auteur et ses amis ont eu le bon esprit de retirer la pièce après la première représentation.

Œuvres de théâtre et autres poésies, par M. de Chabanon, de l’Académie française et de celle des inscriptions et belles-lettres, etc. Un volume in-8o. Ce volume contient deux comédies en cinq actes et en vers, avec un opéra et plusieurs épîtres morales. L’auteur annonce dans sa préface que son âge, son caractère et sa situation l’ont empêché d’exposer ses comédies aux risques tumultueux d’une représentation ; mais il a