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vrage commence par des réflexions sur la décadence de la peinture en histoire, et sur le progrès des portraits et du pastel ; on blâme ensuite la négligence qu’on a dans les maisons royales pour les beaux morceaux de peinture, de sculpture, d’architecture qui en font l’ornement ; tout cela est hardi, vrai et un peu diffus[1].

— Vous êtes peut-être instruite, madame, de l’origine, des progrès, de la chute même des francs-maçons : on vient de recueillir dans deux volumes ce qui s’est fait de meilleurs vers et de meilleure prose à leur occasion. Le morceau le plus agréable de cette compilation est une épître mêlée de vers et de prose où M.  Fréron a eu l’adresse d’enchâsser les portraits de Fontenelle. Voltaire, Piron, Roy, Duclos et de quelques autres écrivains de réputation. Ce recueil ne renfermât-il que cette pensée ingénieuse, il mériterait d’être conservé[2].

— Vous savez, madame, que le Français, né railleur, a tourné en plaisanterie dans tous les siècles les événements les plus tristes et les plus importants. Le feu roi de Sardaigne connaissait si bien le génie de la nation que, quand on lui racontait quelque nouvelle de France, il demandait aussitôt la chanson. Le désastre du combat de Belle-Isle est une nouvelle preuve de ce que je viens de dire. Dès que le bruit s’en est répandu dans Paris, on a fait courir ces quatre vers, bien injurieux au maréchal son frère :


Victimes d’un projet aussi fou que funeste,
Mânes de nos Français dont on perça le flanc,
Si pour vous apaiser il vous fallait du sang,
Vous n’êtes pas vengés : le plus coupable reste.


— M. de Pouilly vient de publier la Théorie des sentiments

  1. Raynal veut évidemment parler du livre de La Font de Saint-Yenne : Réflexions sur quelques causes de l’état présent de la peinture en France, avec un examen des principaux ouvrages exposés au salon du Louvre en 1746. La Haye, 1747, in-12.
  2. Il s’agit sans doute de l’Histoire des Francs-Maçons contenant les obligations et les statuts de l’Ordre (par le Fre de La Tierce). À l’Orient, 1747, 2 vol. in-12. L’épître de Fréron à Mme  de *** (en prose et en vers) a été réimprimée au t. Ier, p. 87, de ses Opuscules, Amsterdam 1753, 3 vol. in-12.