Le premier homme de la littérature française, M. de Voltaire, vient de célébrer nos derniers succès de Flandre. Lorsqu’il faisait de bons vers, il déchirait sa patrie ; il lui consacre maintenant des vers vides et languissants. Son ouvrage est une épître à Mme la duchesse du Maine[1] : le style en est prosaïque, les pensées triviales, la contexture irrégulière. Il n’y a ni plan, ni tour, ni force, ni délicatesse dans cet avorton ; vous n’y trouverez de supportable, madame, que quelques vers de sentiment sur M. de Bouflers.
— Un ouvrage intitulé Ascanius ou le Jeune Aventurier[2] commence à faire du bruit. C’est l’histoire du prince Édouard depuis la malheureuse affaire de Culloden jusqu’à son retour en France ; on y voit une suite des périls qu’il a courus, des disgrâces qu’il a essuyées, des aventures qu’il a eues. Cette relation est mal écrite et mal fondue ; mais il y règne un air de vérité, de simplicité et de candeur qui attendrit et qui persuade ; le titre de ce livre est injurieux au jeune héros, le détail lui est favorable. On le blâme seulement d’avoir désespéré trop facilement ; sa fermeté aurait pu inspirer de la con-