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NOUVELLES LITTÉRAIRES

utile pour le public. Les galeries sont ouvertes deux fois la semaine.

— Il vient de paraître une jolie estampe gravée au premier coup et à l’eau-forte, dans le goût de ce que les Italiens appellent caricatura, que nous avons traduit par le mot de charge. Elle représente un aveugle des Quinze-vingts conduit par son chien en laisse. Il est debout devant un tableau qui est sur un chevalet ; il tient d’une main une plume, et de l’autre un papier sur lequel est écrit : Lettres sur les tableaux du Salon[1]. Cette ingénieuse estampe nous a paru la meilleure réponse qu’on pût faire aux mauvaises critiques qui ont paru depuis quelque temps sur cette matière.

MM. d’Illens et Franck, étrangers au service de la France, viennent de publier un volume in-4o intitulé Plans et Journaux des sièges de la dernière guerre de Flandre[2]. L’historique de cet ouvrage est peu de chose ; ce n’est guère qu’une compilation de gazettes ; mais les plans méritent la plus grande attention. Les militaires les trouvent exacts, et les graveurs élégants.


LXXXII

16 novembre 1750.

On vient de publier le prospectus de l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. À juger de cet ouvrage par l’annonce, par les gens qui y ont travaillé, et par les dépenses qu’on a faites, ce sera un chef-d’œuvre. Les souscripteurs ne payeront que deux cent quatre-vingts livres, et ceux qui n’auront pas souscrit, trois cent soixante-douze livres.

  1. Cette planche fort rare, attribuée soit à Watelet soit à un artiste inconnu nommé Porcien, a été considérée, sur la foi de Fréron, comme relative au Salon de 1753 et dirigée contre La Font de Saint-Yenne. MM. de Montaiglon et J.-J. Guiffrey l’ont mentionnée dans leurs bibliographies du Salon de cette année, et le Magasin pittoresque, en la reproduisant (t. XVIII, p. 33), lui a assigné la même date. Elle a été gravée, comme on le voit, dès 1750, et n’a peut-être pas le caractère de personnalité que M. Thomas Arnauldet (v. Gazette des Beaux-Arts, t. IV, p. 45 et suivantes) y relève et qu’il rapproche des jolies vignettes satiriques dont Cochin a orné ses Misotechnites aux enfers, où La Font de Saint-Yenne est pris à partie sous le nom d’Ardélion.
  2. Strasbourg, 1750, in-4.