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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

M. l’abbé de Marigny, qui est un assez mauvais écrivain, vient de nous donner une Histoire des Arabes en quatre volumes in-12. Je ne l’ai pas lue avec assez d’attention pour voir si l’auteur a fait de profondes et d’exactes recherches. L’ouvrage en général m’a ennuyé. J’y ai trouvé peu d’intérêt pour le fond, peu d’art dans la narration, peu d’agrément dans le style. C’est cependant le seul ouvrage un peu exact que nous ayons sur cette matière, et il n’est pas tout à fait à dédaigner.

— Mon adresse actuelle est : À l’abbé Raynal, rue Saint-Honoré, vis-à-vis la rue de la Sourdière.


LXXXI

2 novembre 1750.

Depuis la dernière lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire, il n’a paru ni bon ni mauvais livre. La saison des nouveautés approche, et j’espère que dans quinze jours notre littérature fournira quelque chose d’intéressant.

— Un nommé Picot vient de faire la découverte la plus singulière dont on avait ouï parler depuis longtemps. Il a trouvé le secret d’enlever, de dessus le bois, la toile et le plâtre, les peintures qui dépérissent et que l’on veut conserver. Il les remet sur toile sans les déranger ni les gâter. Il en a fait déjà plusieurs expériences qui ont parfaitement réussi, entre autres sur un plafond peint sur plâtre, au château de Choisy, par feu M. Coypel, premier peintre du roi, et sur un grand tableau d’André del Sarte, qui était peint sur bois[1]. On lui a confié plusieurs tableaux du roi qui ont besoin d’une pareille réparation.

— Le roi de France, qui est le souverain de l’Europe le plus riche en tableaux de toutes les écoles, vient d’en faire transporter une partie dans les galeries du Luxembourg. Ces chefs-d’œuvre, qui dépérissaient dans un garde-meuble, sont devenus une excellente école pour nos artistes et un amusement très--

  1. Picot exposa au Salon de 1746 le rentoilage de la fresque d’Antoine Coypel.