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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Dans l’art du vrai plaisir
Le cœur seul est le maître.
Mais pour le faire naître
Il faut le ressentir.

Comme le papillon
Qui séduit et s’envole,
La coquette frivole
Se livre au tourbillon.
Le titre ou la splendeur
Des belles qu’on encense
Ne vaut pas la décence
D’une aimable pudeur.

Voyez avec pitié
La volage hirondelle ;
Soyez toujours fidèle
Aux lois de l’amitié.
Il ne faut s’engager
Que sous le meilleur gage ;
Mais, dès que l’on s’engage,
Il ne faut plus changer.

Dans le moindre entretien,
À beaucoup de justesse
Joignez la politesse
De qui ne saurait rien.
Ayez le ton flatteur
De la délicatesse,
Et non la politesse
Du faux adulateur.


VERS ÉCRITS SUR UN EXEMPLAIRE DE RACINE.

Racine, je te dois tout ce que j’ai d’esprit,
De sentiment, de goût, de style, d’élégance,
Et si je sais aimer, ton livre me l’apprit :
Mais mon Iris, hélas ! mon Iris me trahit ;
Tu ne m’as point appris à fixer sa constance.

En passant dans ses mains, en occupant ses yeux,
Rappelle-lui du moins ce que je suis pour elle.
Dans tes plus tendres vers, retrace-lui mes feux ;
Fais-la gémir du sort des amants malheureux,
Et rougir au portrait d’une amante infidèle.