Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Nouveaux Mémoires d’histoire, de critique et de littérature, par M. l’abbé d’Artigny. Troisième volume. Les deux premiers ne renfermaient que des dissertations sur des points historiques ou littéraires, intéressants pour les seuls savants[1]. L’auteur, qui a de la sagacité, réussissait très-bien, dans ces recherches qui ne demandent que peu de goût et qui souffrent la pesanteur et la dureté du style. Dans le troisième volume, il a voulu parler de choses d’agrément, et en a parlé en homme qui est dans une petite ville et qui a passé sa vie à lire des chroniques. Il n’y a rien de si risible que la liste qu’il donne des illustres écrivains qui vivent aujourd’hui.

— Nous croyons avec assez de raison, je pense, que la gravure n’est guère bonne qu’en France ; nous venons de recevoir de Vienne quelques femmes turques gravées d’après les originaux de Liotard, par Camerata, qui nous ont un peu détrompés. On ne peut voir de plus jolies figures ni de plus agréables draperies que celles de ces estampes.

— Le secret de peindre le verre paraît perdu depuis long-temps. Il commence à se répandre depuis quelques jours qu’un ouvrier de Caudebec, petite ville de Normandie, l’a recouvré. Les curieux ou le ministère approfondiront sans doute cette nouvelle, et nous ne tarderons pas à savoir ce qui en est.

— Il vient de paraître un roman historique intitulé Doña Urraca, reine de Castille et de Léon[2]. C’est un tissu d’aventures galantes assez extraordinaires. La princesse a des intrigues publiques et scandaleuses avant de monter sur le trône de son père. Le roi d’Aragon, plus sensible à l’avantage d’ajouter à ses États les royaumes de Léon et de Castille qu’à la honte de lier son sort à celui d’une femme déshonorée, épouse Doña Urraca. Ces liens, formés par l’intérêt, sont bientôt rompus par de nouveaux désordres. La princesse est chassée d’Aragon, et elle va continuer, dans ses États, à déshonorer le trône, son époux et son sexe. Ce roman m’a paru assez compliqué et grossièrement écrit. Il y a de temps en temps quelques réflexions assez plaisantes.

Le Ciel réformé, essai de traduction de partie du livre

  1. Voir p. 320.
  2. Inconnu aux bibliographes.