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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

conques marines ; l’un souffle dans la sienne pour publier le triomphe et la naissance de la déesse, l’autre regarde amoureusement les naïades, divinités subalternes, comme n’osant par respect regarder la déesse. Trois amours, groupés avec un dauphin, occupent la partie gauche du tableau et le milieu sur le devant. Au-dessus de la déesse et sur le fond d’un beau ciel clair voltigent cinq amours qui soutiennent un voile comme pour la garantir des rayons du soleil. Un de ces amours semble précéder la déesse et conduire les autres ; il porte dans ses mains un carquois plein de flèches, les autres répandent des fleurs. Deux pigeons volent au-dessus de ces amours. Les naïades sont également coiffées de leurs cheveux, aussi bien que la déesse, qui est nue, mais dans une attitude modeste. Sa figure est de la plus élégante proportion. À travers l’eau de la mer et la draperie de linge sur laquelle repose Vénus, on croit apercevoir quelque partie d’une grande conque marine, qui lui sert comme de lit. Enfin, dans cette grande composition, tout respire la grâce et la beauté ; l’expression, la couleur, la touche et la perspective aérienne s’y trouvent à un degré éminent, ainsi que la correction du dessin. Daullé a parfaitement rendu le mérite de ce tableau dans toutes ses grâces.

— Vous avez su sans doute que l’archevêque de Sens avait dénoncé à l’assemblée du clergé les livres écrits contre la révélation et pour la religion naturelle qui se multiplient ici tous les jours ; nos prélats, occupés de leurs démêlés avec la cour et de leurs plaisirs, n’ont pas jugé à propos de se mêler dans cette affaire si délicate. La discussion de toutes ces choses a été renvoyée à la Sorbonne, qui s’en occupe sérieusement. Les livres qu’elle examine sont l’Esprit des lois, l’Histoire naturelle, les Mœurs, la Lettre sur les aveugles, l’Histoire de l’âme, les Pensées philosophiques, et tout ce qui a été fait sur le clergé dans le cours de ses contestations sur le vingtième. Il commence à se répandre que la Sorbonne ne portera point de jugement doctrinal. Ces messieurs les docteurs craignent, dit-on, les arguments et les plaisanteries de nos philosophes.

Réflexions de Mlle ***, comédienne française[1]. C’est une brochure d’un jeune homme qui a donné ce titre trompeur à son

  1. (Par Joseph Landon.) Paris, 1750, in-12.