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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

difformité par la variété des plans. La nécessité de faire monter les rois pour arriver à la crèche l’ayant réduit à n’en faire paraître que deux dans le tableau du milieu, il a pris le moment où le premier de ces rois se prosterne aux pieds de l’enfant Jésus que la Vierge Marie tient sur ses genoux. Elle a à ses pieds tous les présents que les bergers viennent de lui laisser. Saint Joseph, sur un plan plus reculé, paraît réfléchir profondément sur ces merveilles. Dans le même tableau, des anges marquent leur ravissement et leur admiration sur ce grand événement, ce qui lie naturellement ce sujet à la gloire qui est au-dessus. Elle caractérise le Gloria in excelsis. Toute la troupe céleste, par ses chants d’allégresse et le son de divers instruments, semble former des concerts, et semble n’être occupée qu’à exprimer sa joie et son admiration.

La lumière principale est formée par l’étoile qui a conduit les rois. Elle jette dans le coloris une grande variété d’effets. Les rayons percent les nues qui groupent avec les anges et s’étendent jusque sur l’enfant Jésus qui est lui-même la lumière du monde.

Au côté gauche de l’autel, on voit les marches qui montent à la crèche ; le roi gravit ces degrés en prenant l’encensoir qu’un jeune page lui présente.

De l’autre côté de l’autel, on voit dans l’enfoncement des bergers qui ne quittent qu’à regret ce lieu, et sur le devant du tableau deux femmes qui s’arrêtent pénétrées de ce qu’elles viennent de voir. Une d’elles fait remarquer à son fils l’arrivée des rois. Tel est l’ensemble principal de toute la façade du fond de la chapelle, et pour ne point sortir de l’unité d’objets, comme les côtés de cette chapelle sont composés chacun de trois portiques, Natoire ne s’en est servi que pour étendre sa composition. Au travers de ces portiques, du côté gauche, il fait voir ce nombreux cortège des rois dont une partie est en marche, et l’autre est déjà occupée à ranger les richesses qu’ils apportent et à défaire les caisses et les ballots qui renferment ces présents.

Par les trois portiques du côté droit, on voit les pasteurs s’en retourner joyeusement et faire part à ceux qu’ils rencontrent de l’heureuse nouvelle de l’avènement du Messie ; ils paraissent remplis d’admiration.