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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

COUPLETS FAITS SUR CINQ PERSONNES
QUI ONT ÉTÉ À DIEPPE CES FÊTES DERNIÈRES DE LA PENTECOTE.

sur l’air : Charmante Zéphira,
ou sur celui des Folies d’Espagne ou autre.

Cinq voyageurs de Dieppe ont pris la route
Pour avaler la mer et les poissons,
Croyant qu’ici leurs amis en déroute
Seraient contraints d’avaler des goujons.

En arrivant, la nuit était profonde ;
L’on alluma quantité de flambeaux :
« Préparez tout, dit l’hôtesse à son monde,
Pour cinq messieurs, tout autant de chevaux. »

Le couvert mis, on sert sole et merluches :
« Le cidre est bon, messieurs, en voulez-vous ?
Vous êtes cinq ; c’est-à-dire cinq cruches
Qu’il vous faudra du cidre le plus doux. »

Le souper fait, dans des chambres peu nettes
Ils sont conduits par un valet lourdaud ;
Il avait fait pour tous quatre couchettes :
« Tu t’es trompé, nous sommes cinq, nigaud ! »

Bientôt après, dans le lit on s’élance,
Chacun s’endort, le jabot assez plein,
Et, pour voir tout, avec impatience
La compagnie attend le lendemain.

Le lendemain, tous ont des coqueluches,
L’air était froid ; on demande du feu ;
« Vous êtes cinq ; c’est-à-dire cinq bûches
Qu’il faut, pour vous, faire allumer dans peu. »

Bien réchauffés dans la barque on s’arrange
Pour voir du port tous les coins et recoins ;
Ils étaient cinq et, par un cas étrange,
On vit flotter sur la mer cinq marsouins.

À leur retour, grand appétit les presse :
« Que prendrons-nous avec des pois nouveaux ?
— Il vous faudra, répondit leur hôtesse,
Vous êtes cinq, autant de maquereaux. »