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NOUVELLES LITTÉRAIRES

casque, qui sont légères et flottantes, font un contraste admirable avec le poil rude et la crinière du lion. Enfin les ailes de l’Amour, qui sont grandes et fortes et d’un goût différent, ont exigé une autre sorte de travail. Il est si simple et si naturel, qu’on se plaît à jouir de ces différentes oppositions. Elles ne font aucun tort, quelque riches qu’elles puissent être, à la figure même, et ces accessoires ne sont qu’un bel épisode heureusement placé dans un beau poëme. Dans tout cela, je ne vois nul doute sur le genre de l’opération, sur la nature du travail, sur les motifs de l’entreprise, sur la manière dont elle est exécutée, et sur l’effet que l’on doit s’en promettre. Il nous reste à parler de la figure même.

L’Amour est nu, comme on le représente ordinairement ; l’air de tête est noble sans affectation ; le sourire est délicat sans le moindre soupçon de grimace, et la malignité de son regard n’est point chargée : elle annonce le plein succès de son opération et fait penser aux suites qu’elle doit avoir. Ses cheveux naturellement annelés, et noués à l’antique par un simple ruban, ont leurs masses distinctes et sont facilement travaillés. Le col est parfaitement uni à la tête et aux épaules ; le carquois est noblement placé sur le dos, et le cordon qui le tient suspendu ne cache ni n’interrompt le jeu d’aucune des parties qu’il couvre ; le reste du corps est parfait. Tous les connaisseurs conviennent que cet Amour est une des plus belles choses qui soient sorties des mains de nos artistes.

— Duflos, graveur médiocre, vient de publier deux estampes, dont l’une a pour titre le Bain, et l’autre la Fête italienne. Elles sont gravées d’après les tableaux de Pater, assez joli peintre et imitateur de Watteau, auquel il est très-supérieur.

— Nous aurons le mois prochain un ouvrage important intitulé Détails militaires. Le public est très-prévenu en faveur de l’auteur, M. de Chennevières, un des commis du ministre de la guerre.

— Vous savez sans doute que, dans la pièce nouvelle, Cléopâtre est piquée par un aspic de la façon de Vaucanson, et que cette tragédie a été réellement sifflée. Un plaisant a saisi ces deux circonstances pour en faire l’épigramme suivante :

Deux artistes nouveaux, Marmontel, Vaucanson,
DeFont l’honneur du siècle où nous sommes