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NOUVELLES LITTÉRAIRES

plus beau et du plus fréquenté des spectacles. Un défaut de goût et de zèle a empêché l’exécution d’un projet si sage. Pour cacher un peu notre misère aux yeux des étrangers, et peut-être aussi pour calmer les citoyens, le prévôt des marchands vient de faire dorer ou peindre en vert toute cette salle. Comme cette couleur n’est pas favorable aux dames, on a fait un vaudeville qui, quoique assez mauvais, amuse tout Paris. Le voici :


sur l’air: Jean de Vert.

De Monsieur le prévôt des marchands,
De MoQuelle magnificence !
De Laissez siffler les ignorants,
De MoNoble en est la dépense.
De Vous avez mis du vert partout.
De En vous nous admirons le goût
De Jean de Vert, de Jean de Vert en France.

De L’Opéra n’était qu’un désert
De MoAvant votre régence ;
De On ne le prendra plus sans vert,
De MoGrâce à votre prudence,
De Car vous en avez mis partout.
De En vous nous admirons le goût
De Jean de Vert, de Jean de Vert en France.

De En paraissant à l’Opéra,
De MoOn fera votre éloge ;
De À ce monument se lira,
De MoGravé sur chaque loge :
De Les vieux échafauds ont été
De Récrépis sous l’édilité
De Jean de Vert, de Jean de Vert en France.

— On vient enfin d’imprimer la Force du naturel, comédie de M. Destouches. J’ai jugé en la lisant, comme aux représentations, que c’était un ouvrage sans esprit, sans philosophie et sans style. L’Oreste de M. de Voltaire, qui paraît aussi, mérite plus d’estime. Vous y trouverez la simplicité qui était particulière aux Grecs, le sentiment qui est commun à toutes les nations et le pinceau, mais un peu vieilli, de l’auteur de la Henriade. À tout prendre pourtant, il y a dans cette tragédie plutôt