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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Son ardeur lassait ma résistance,
Ah ! maMais le suborneur
AhS’enfuit, voyant entrer ma sœur.
Ah ! maman, etc.

— On vient de publier pour la première fois à Paris un livre singulier que quelques curieux m’ont assuré avoir été imprimé ailleurs ; il est intitulé Chronique des rois d’Angleterre écrite selon le style des anciens historiens juifs[1]. L’auteur de cet ouvrage, quel qu’il soit, n’a pas emprunté la manière noble, hardie, véhémente et souvent obscure des prophètes, mais la simplicité et les tons naïfs du Nouveau-Testament. Les trois quarts de cette plaisanterie ne renferment guère que des choses communes, dites trivialement ; sur la fin l’auteur s’égaye, les plaisanteries sont meilleures et plus piquantes ; on sent qu’il connaît mieux les personnages qu’il met sur la scène, et qu’il a plus de plaisir à les peindre ; son pinceau n’a pas mal attrapé la plupart des ridicules des anciens rois.

— Il y a trois jours que le poëte Piron adressa les vers suivants à l’abbé Trublet, auteur des Essais de littérature et de morale. Comme vous connaissez cet écrivain par ce que j’ai eu l’honneur de vous en dire et peut-être aussi par la lecture de son livre qui est traduit en allemand, je crois que vous verrez avec plaisir son éloge.

Hommage et gloire à l’auteur des Essais
Et de morale et de littérature ;
Plus on te lit, plus, cher abbé, tu plais ;
Tu passeras à la race future,
Ce n’est ici gracieuse imposture,
Ni faux encens. Ton œil observateur
Perce les plis et les replis du cœur,
Y voit très-clair, et sans faute y sait lire.
Au fond du mien, lis donc à ton honneur
Plus mille fois que l’esprit n’en peut dire.

— Notre salle de l’Opéra est incontestablement d’une barbarie qui déshonore la nation. On a proposé plusieurs fois d’en bâtir une digne de la capitale du royaume et de la beauté du

  1. Inconnu aux bibliographes.