Aujourd’hui, ou nous ne chantons point ou nous ne chantons que des vieilleries qui ont amusé nos pères. Je ne connais depuis assez longtemps de nouveauté en ce genre qu’une bagatelle assez naïve de M. Vadé. Il la fit sous mes yeux, il y a quelques jours, et il ne tint pas à moi qu’elle fût un peu plus piquante.
Ah ! maman, que je l’échappe belle !
Colin
Ce matin
S’était glissé dans ma ruelle.
Ah ! maman, que je l’échappe belle !
Qu’on a raison
De se défier d’un garçon !
Il s’approche de moi sans rien dire ;
Le fripon soudain
Me prend la main :
Je la retire,
Il sourit, je le gronde, il soupire ;
Mais en soupirant,
Dieu ! qu’il avait l’air séduisant.
Ah ! maman ! etc.
Il poursuit, je m’étonne, il m’embrasse.
Un prudent effort
De son transport
Me débarrasse ;
Mais, voyant redoubler son audace,
J’avais bien regret
De n’avoir pas mis un corset.
Ah ! maman, etc.
Malgré moi, mon sein frappe sa vue ;
Je le couvre en vain,
Il va plus loin ;
J’en suis émue ;
Les deux mains, quand on est presque nue,
Ne suffisent pas
Pour voiler ce qu’on a d’appas.
Ah ! maman, etc.
En tremblant je recule, il s’avance ;
Le traître à l’instant
D’un air content
Sur moi s’élance ;