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NOUVELLES LITTÉRAIRES

d’imprudence et de résistance aux volontés des dieux en révélant sa naissance à Électre. « S’ils veulent se faire obéir, réplique Oreste,

Qu’ils me donnent des lois que je puisse accomplir. »

À ce moment si touchant en succède un terrible par l’arrivée du tyran qui fait arrêter Oreste, Pylade et Pammène. Électre perd presque le sentiment, Clytemnestre est effrayée, et Égiste sort en menaçant de faire périr ces trois criminels. Alors Électre se jette aux pieds de sa mère pour demander la grâce des étrangers ; elle le fait avec tant d’instance que Clytemnestre en est émue ; elle l’est surtout à ce vers :

L’un d’eux ! Si vous saviez !… tous deux sont malheureux.

Clytemnestre ne doute plus que l’un d’eux ne soit Oreste. Électre ne le peut dissimuler, et demande sa grâce ; elle offre même d’épouser Plisthène. Clytemnestre lui apprend sa mort. Juste ciel ! reprend Électre avec une joie impétueuse. Clytemnestre, après lui avoir fait de nouveaux reproches sur son inflexibilité, lui promet la grâce d’Oreste, ce qui satisfait Électre et termine le quatrième acte dont la fin est admirable. Le cinquième commence par une scène entre les deux sœurs, qui témoignent leurs inquiétudes sur le sort d’Oreste. Égiste, qui est implacable, arrive avec Clytemnestre. Iphise se prosterne aux pieds du tyran et invite Électre à en faire autant. « Quelle honte, continue-t-elle, pour les filles d’Agamemnon ! Eh bien, je la surmonte : je ne le ferais pas pour moi, mais tout doit être permis pour sauver un frère si cher. » Égiste n’en devient que plus inflexible et insulte à la douleur d’Électre qui vient de se démentir. Clytemnestre se joint à ses filles ; même refus de la part du tyran ; alors cette reine indignée lui dit : « Tu me connais ! et je vais redevenir Clytemnestre. » Un garde vient annoncer à l’usurpateur qu’Oreste est reconnu, et que sa présence est nécessaire pour empêcher qu’on ne le délivre. Égiste sort furieux en protestant qu’il va le faire périr avec ses complices. Les sœurs au désespoir ont de nouveau recours à Clytemnestre, lorsque Pylade vient annoncer sa délivrance et qu’il est reconnu roi de Mycènes.