Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
NOUVELLES LITTÉRAIRES

devient plus furieuse. Clytemnestre, qui la trouve inflexible, l’abandonne à son mauvais sort, et lui prédit s’il se peut des malheurs encore plus grands. Iphise arrive sur-le-champ d’un air triomphant pour annoncer à Électre l’arrivée d’Oreste. C’est ici le plus bel endroit de la pièce. « Je viens, dit Iphise, du tombeau de mon père ; j’y ai vu une épée, signal de la vengeance, et toutes les marques d’un vrai respect ; et quel autre qu’un fils viendrait payer un tribut si légitime et s’exposer à un péril si manifeste ! » Elle ajoute qu’Oreste est sans doute un des étrangers réfugiés chez Pammène. Électre, qui saisit d’abord cette nouvelle avec avidité, ne peut contenir sa joie, mais elle retombe bientôt dans sa tristesse ordinaire en réfléchissant à la proposition de sa mère qui n’est qu’un signe trop certain de la mort d’Oreste. Les deux sœurs se retirent avec une égale désolation, ce qui termine le second acte.

Égiste soupçonneux par le crime éclairé,


(c’est un vers de la tragédie) envoie chercher Pammène, l’interroge sur l’état et la naissance des deux étrangers. Pammène répond :

« Je connais leurs malheurs et non pas leur naissance ;


je sais seulement qu’ils sont Grecs. » Égiste ordonne qu’on les lui amène. Pammène obéit. Oreste, qui a tué en Epidaure Plisthène, fils du tyran, a eu soin de recueillir dans une urne les cendres de son ennemi ; il imagine d’en faire un usage singulier, c’est de les présenter au tyran comme les cendres du fils d’Agamemnon. Électre vient pour voir les étrangers. Oreste la reconnaît à ses malheurs, et veut se découvrir. Pylade l’en empêche et le fait ressouvenir de l’oracle qui lui défend de parler à Électre avant le temps prescrit. Les étrangers, au lieu de la consoler lorsqu’elle demande des nouvelles d’Oreste, qu’elle appelle à tout moment, lui confirment sa mort par leur silence et en lui montrant l’urne en question. Électre embrasse l’urne et l’arrose de ses larmes. Égiste arrive dans l’instant : les pleurs, les cris et la fuite d’Électre lui apprennent la mort d’Oreste ; il en est encore plus convaincu en interrogeant Oreste, qui se donne