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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

N’onN’avait pour toi que ton humeur ;
N’onOù loin des propos de la ville
N’onEt du vain faste de la cour,
N’onSans soins, sans brigue, sans détours,
L’Arioste et Newton dans un loisir utile
Remplaçaient à Cirey la jeunesse et l’amour ?
Dans les bras de la paix, au sein de la sagesse,
N’onOubliant Versailles et Paris,
N’onLes flatteurs et les beaux esprits,
N’onL’orgueil des grands et leur bassesse,
Nous étions seuls, heureux, du moins dans nos écrits.
N’onPardonne, ombre chère et sacrée,
N’onSi de son bonheur enivrée
Mon âme quelquefois secoua ses liens ;
N’onPar tes transports vainqueurs des miens.
N’onTu vis ma chaîne resserrée,
Et si, sur nos beaux jours tissus par le bonheur,
Le caprice a versé l’amertume et l’aigreur,
Du moins après ta mort tu seras adorée.
N’onVois des arts la troupe éplorée
N’onTe suivre en deuil jusqu’au tombeau ;
Vois l’Hymen et l’Amour éteindre leur flambeau
N’onVois le cœur même de l’Envie
N’onS’ouvrir aux traits de la Pitié ;
Vois ton cercueil baigné des pleurs de l’Amitié,
Vois ton époux errant et détestant la vie,
Redemander aux dieux sa fidèle moitié
N’onAdmise à la céleste troupe,
À la table des dieux où tu bois dans la coupe
N’onEt de Minerve et d’Apollon.
Si ton cœur est sensible à l’éclat d’un grand nom,
Si mes vœux jusqu’à toi peuvent se faire entendre,
Que tu dois t’applaudir d’une amitié si tendre !
Je veux que l’avenir, dans mes vers t’admirant,
N’onTe confonde avec Uranie,
N’onEt si quelque censeur impie
Rit du culte immortel que ma muse te rend,
N’onPour confondre la calomnie
N’onJ’aurai Saint-Lambert pour garant.

— On donne depuis environ quinze jours, à l’Opéra, un ballet intitulé le Carnaval du Parnasse[1]. C’est une rapsodie de Fuzelier que personne n’est encore parvenu à entendre. La musique, qui est de Mondonville, est agréable en quelques endroits, mais

  1. Représenté pour la première fois le 23 septembre 1749.