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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

VERS À VOLTAIRE.

À tes Quoi ! cette chaste et tendre amie,
À tes fougueux accès si longtemps asservie,
À tes Expire, et tu ne la suis pas ?
À tes Au lieu de vers sur son trépas,
Fais preuve de bon cœur une fois en ta vie,
Poëte anglais, va, cours te pendre de ce pas.

— Comme Voltaire vient de faire pour cet hiver Catilina et Électre, deux tragédies dont les sujets ont été traités par Crébillon, l’un fort mal et l’autre fort bien, Piron a adressé l’épigramme suivante à Voltaire :

N’en doutez point, oui, si le premier homme
Eût eu le tic de ce faiseur de vers,
Il eût fait pis que de mordre à la pomme,
Et c’eût été bien un autre travers.
Portant envie aux miracles divers
Du grand auteur de la nature humaine,
Il eut voulu refaire l’univers,
Et le refaire en moins d’une semaine.

— Le discours que M. l’évêque de Rennes a prononcé à l’Académie française est extrêmement lourd ; la réponse de M. de Fontenelle est mal écrite et imprudente. Marivaux a lu un parallèle de Corneille et de Racine, plein de noblesse et de philosophie, contre l’ordinaire de cet ingénieux écrivain. Moncrif a terminé la séance par un opéra qui porte sur la métempsycose. Ce sont des amants dont les âmes, après avoir changé de corps et d’état, se trouvent avoir les mêmes sentiments. Quoique cet ouvrage soit rempli de jolis détails, il fut mal venu, parce que ces sortes de poëmes ne peuvent point être lus.


LIX

Il paraît, depuis quelque temps, un livre intitulé la Voix libre du citoyen, ou Observations sur le gouvernement de Po-