Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
NOUVELLES LITTÉRAIRES

On peut affirmer qu’il passe ou tout au moins qu’il égale tous les fameux graveurs modernes qui ont fait tant de bruit à Londres.


GRAVEURS EN BOIS.

La rareté de ceux qui ont excellé dans cette sorte de gravure en prouve la difficulté. On ne coupe pas le bois comme le cuivre, et depuis Albert Durer et le petit Bernard, qui vivait il y a deux cents ans, nous n’avons eu aucun homme célèbre en ce genre. Le sieur Papillon, qui ne travaille à la vérité qu’en petit, a fait ici des choses admirables pour la netteté des traits, la correction du dessin et l’agréable ordonnance de ses sujets. Le sieur Le Sueur grave aussi en bois très-proprement et dessine aussi avec beaucoup de correction les vignettes de livres, culs-de-lampe et armoiries. On ne doit point oublier le sieur Gauthier, qui grave et colore ensuite ses estampes par trois impressions successives. La suite considérable des grandes planches anatomiques qu’il a données ces années dernières au public est une preuve incontestable de son habileté en ce nouveau genre de peinture.

— La critique était autrefois grave et sévère, son air décent et majestueux en imposait ; aujourd’hui elle imite nos Tabarins qui, avant de monter sur leurs tréteaux, se barbouillaient de lie le visage. Je n’ose vous dire de quoi la critique se barbouille ; vous en jugerez vous-même par le titre du Pot de chambre cassé, tragédie pour rire ou comédie pour pleurer[1]. Le but de cet ouvrage polisson est de fronder nos tragédies et nos comédies modernes qui sont remplies de reconnaissances, de coups de poignard imprévus, d’ombres, d’oracles, et bigarrées de sentences au milieu des plus grandes douleurs ou des récits les plus animés. Le héros de la pièce est le prince Merdaucul et l’héroïne la princesse Foirantine. Le prince Propret est rival de Merdaucul ; le pot de chambre est un présent que Merdaucul a fait à sa maîtresse avant de partir pour la guerre ; la conservation de ses jours est attachée au soin que la princesse doit prendre d’empêcher que ce pot précieux ne soit cassé. Un songe

  1. (Par Grandval père.) À Ridiculomanie, chez Georges l’Admirateur, s. d. ; in-8o. Plusieurs fois réimprimé.