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NOUVELLES LITTÉRAIRES

Adorable Camille, ô ma chère maîtresse,
J’irai goûter chez vous mille charmes nouveaux ;
J’essuierai de ma main ces pleurs que la tendresse
Et tu Vous fit répandre sur mes maux.
Puisse le tendre amour payer tous tes services !
Puisse-t-il, cher Dufouard, te combler de ses biens,
Surtout remplir tes jours des aimables délices
Et tu Dont il daigne embellir les miens !
Mais que dis-je ? Tu vis sans souci, sans envie,
Chez un prince charmant que tu peux admirer,
Qui te voit, te chérit ; qu’a-t-on à désirer
Et tu Lorsque ainsi l’on passe sa vie ?
Et tu Grand merci de tes soins divers ;
Et tu Pour de l’argent je t’en souhaite :
Et tu Et qu’attendrais-tu d’un poëte
Que des remercîments et quelques méchants vers ?


LVII

Comme il ne s’imprime rien en ce temps-ci à Paris qui mérite votre curiosité, j’ai cru que vous seriez bien aise de voir en quel état se trouvent les arts en France. Je vais entrer dans un détail qui aura au moins le mérite de la sincérité.


PEINTRES D’HISTOIRE.

Restout, élève et neveu du fameux Jouvenet, excelle dans la composition des sujets d’histoire, et surtout dans les grands morceaux, dont il entend très-bien l’ordonnance et les effets.

Carle Van Loo est fort habile dans la partie de l’histoire ; il l’emporte sur Restout pour la couleur et la grande manière ; il a tâché d’imiter Rubens et Annibal Carrache ; il réussit aussi dans le portrait.

Pierre a fait des choses admirables, mais il se livre trop à sa facilité et il est inégal. Il est demeuré longtemps en Italie, et il a formé son goût sur celui des plus grands maîtres. Il surpasse pour la force de la couleur Restout et peut-être Van Loo ; il met beaucoup plus d’esprit dans ses compositions que les autres peintres de notre école. Les bambochades, tableaux