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NOUVELLES LITTÉRAIRES

M. de Buffon préfère l’usage des peuples qui n’emmaillottent point leurs enfants au nôtre. Le maillot, selon lui, gêne les enfants au point de leur faire ressentir de la douleur, les efforts qu’ils font pour se débarrasser sont plus capables de corrompre l’assemblage de leur corps que les mauvaises situations où ils pourraient se mettre eux-mêmes s’ils étaient en liberté. Les bandages du maillot peuvent être comparés aux corps que l’on fait porter aux filles dans la jeunesse. Cette espèce de cuirasse, ce vêtement incommode qu’on a imaginé pour soutenir la taille et l’empêcher de se déformer, cause cependant plus d’incommodités et de difformités qu’il n’en prévient. D’ailleurs, si le mouvement que les enfants veulent se donner dans le maillot peut leur être funeste, l’inaction dans laquelle cet état les retient peut aussi leur être nuisible. Le défaut d’exercice est capable de retarder l’accroissement des membres et de diminuer les forces du corps : ainsi les enfants qui ont la liberté de mouvoir leurs membres à leur gré doivent être plus forts que ceux qui sont emmaillottés.

Les yeux des enfants qui sont au berceau se portent toujours du côté le plus éclairé de l’endroit qu’ils habitent, et, s’il n’y a qu’un de leurs yeux qui puisse s’y fixer, l’autre n’étant pas exercé n’acquerra pas autant de force. Pour prévenir cet inconvénient, il faut placer le berceau de façon qu’il soit éclairé par les pieds, soit que la lumière vienne d’une fenêtre ou d’un flambeau dans cette position, les deux yeux de l’enfant peuvent la recevoir en même temps et acquérir par l’exercice une force égale ; si l’un des yeux prend plus de force que l’autre, l’enfant deviendra louche, car l’inégalité de force dans les yeux est la cause du regard louche.

Suivant les observations faites à Londres par M. Simpson sur les degrés de la mortalité du genre humain dans les différents âges, il paraît que d’un certain nombre d’enfants nés en même temps, il en meurt plus d’un quart dans la première année, plus d’un tiers en deux ans, et au moins la moitié dans les trois premières années. Si ce calcul est juste, on peut parier, lorsqu’un enfant vient au monde, qu’il ne vivra que trois ans. M. Dupré de Saint-Maur s’est assuré, par un grand nombre d’observations faites en France, qu’il faut sept ou huit années. pour que la moitié des enfants nés en même temps soit éteinte ;