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Comme tous les événements deviennent ici la matière de quelque épigramme, voici ce que le poëte Roy a adressé aux académiciens :

Sur votre liste un nom que la gloire couronne
Sur Vous rend bien fiers et bien hautains ;
Pauvres gens, croyez-vous qu’un maréchal vous donne
Sur Sauvegarde pour vos Cotins ?

M. Racine vient de nous donner un recueil en trois volumes des lettres que Rousseau a écrites ou de celles qu’il a reçues[1]. Quoiqu’elles ne paraissent que depuis quatre jours, elles ont excité tant de clameurs que l’éditeur a jugé à propos de désavouer cette collection. Si vous lisez ces lettres, vous y trouverez quelques jugements bien rendus, des détails de littérature qui auraient pu faire plaisir il y a trente ans, de l’aigreur contre ses ennemis, des jérémiades perpétuelles de l’auteur sur ses malheurs, une partialité visible contre les gens qui pensaient autrement que lui sur les matières du bel esprit, un style lourd et beaucoup de lieux communs. Rousseau, si admirable dans ses poésies, est à peine supportable dans sa prose. Pour vous dispenser de parcourir toutes ces lettres, qui sont peu agréables, je vais en extraire tout qui peut piquer la curiosité.


Tome Ier.

Les odes de La Motte sont de froides amplifications qui ressemblent beaucoup plus à des lettres qu’à des odes, commençant toutes pour ainsi dire par le monsieur, et finissant par le très-humble serviteur.

Rousseau, à l’occasion de la santé du vieux cardinal de Fleury, sur laquelle on n’osait pas trop s’expliquer, dit fort agréablement, ce me semble : « Il en faudrait presque revenir à la politique de cet Anglais du temps de Cromwell, qui écrivait à un ami : Il court différents bruits sur notre protecteur,

  1. Lettres de M. Rousseau sur différents sujets de littérature. Genève (Paris), 1749-1750, 2 vol. in-12. Louis Racine, dans une lettre insérée au Mercure (4 août 1749), désavoua le litre d’éditeur de cette publication ; mais le Nécrologe (t. Ier, p. 47) dit qu’il contribua à la mettre au jour.