Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
NOUVELLES LITTÉRAIRES

pièce est bas, froid et ridicule. La partie tragique qui y domine est très-belle et digne de Voltaire.

Trois sortes de personnes se sont ouvertement déclarées contre cet ouvrage, qui n’a que peu de succès : 1° les gens de qualité, qui ne peuvent souffrir que le comte, pour justifier la démarche qu’il fait d’épouser Nanine, prouve en très-beaux vers et par des raisonnements très-lumineux que tous les hommes sont égaux, et que le préjugé qui établit une différence entre le noble et le roturier est ridicule ; 2° les amateurs de l’ancienne comédie, qui prétendent que c’est un spectacle destiné aux ris et non aux larmes ; 3° les pères et les mères, qui craignent que leurs enfants n’adoptent les maximes cent fois répétées dans cette pièce : que dans les mariages on ne doit avoir nul égard au rang, au lieu, à la naissance, mais seulement au mérite et au goût.

LII

Un auteur inconnu, qui est dans l’usage de faire très-souvent de mauvais présents à la littérature, vient de publier un recueil de vers détestables sous ce titre : Poésies d’une dame de qualité[1]. Ce sont des épîtres, des fables, des madrigaux, des odes, des cantates, des épigrammes. Jugez de toutes ces pièces par la chanson que vous allez lire ; elle m’a paru ce qu’il y avait de plus supportable dans ce recueil.

Chacun a son faible ici-bas :
L’un au vin trouve mille appas ;
L’un est joueur, l’autre est avare ;
Un autre est esclave à la cour ;
Mais puisqu’il faut que l’on s’égare.
Égarons-nous avec l’amour.

Réflexions sur l’impiété prise du côté littéraire[2]. C’est le titre d’une brochure publiée par le P. Lombard, jésuite. Cet écrivain se plaint de ce que la poésie et la prose consacrée originairement à faire honorer la divinité, ne servent presque plus

  1. Inconnu aux bibliographes.
  2. 1749, in-12.