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tions qui méritaient cette discussion. Il faut que cette vision soit ancienne, puisque l’examen roule sur des ouvrages qui ont paru il y a près de dix-huit mois.

Le Méchant, comédie de M. Gresset, essuie les premiers traits du critique ; selon lui, il y a dans cet ouvrage de la philosophie, une grande connaissance des mœurs, des détails et des vers fort heureux ; mais ce n’est pas une action théâtrale, ce n’est qu’un dialogue. D’ailleurs le sujet est trop générique. Le héros de la pièce n’est que tracassier, il n’a point de but, il n’est ni odieux ni ridicule. On ajoute que le Méchant est une copie du Médisant de Destouches.

L’examen du Méchant est suivi de celui de l’Histoire du parlement d’Angleterre. Il prend à cette occasion fantaisie à M. Fréron de faire un parallèle de l’abbé Raynal et de l’abbé de La Bletterie, auteur de la belle Histoire de Julien l’Apostat. L’abbé Raynal, dit le critique, a plus d’imagination, l’abbé de La Bletterie plus de jugement ; l’un paraît plus versé dans la connaissance des hommes, l’autre plus instruit des choses. Le premier a le pinceau plus hardi, plus brillant ; le second l’a plus poli, plus correct. L’ex-jésuite semble profond dans les détours de la politique ; l’ex-oratorien a une certaine candeur qui impose moins et qui persuade davantage. Celui-là veut à toute force arracher votre admiration par une suite non interrompue d’images vives et de traits saillants ; vous vous plaisez à louer dans celui-ci le sacrifice qu’il sait faire des ornements trop pompeux et trop recherchés. L’Histoire de Julien l’Apostat satisfait l’âge mûr, l’Histoire du parlement d’Angleterre flatte la jeunesse.

L’article le plus détaillé des lettres que j’annonce est l’examen de Denys le Tyran. Il en résulte que M. Marmontel a le génie et l’enthousiasme qui conviennent à l’épopée, mais qu’il n’a pas le style propre de la tragédie. On se défie, dit le critique, des poètes qui trop fréquemment font briller les éclairs et partir la foudre. On peut les comparer à ces ennemis inférieurs en forces qui placent de fausses lumières et font beaucoup de bruit pour faire croire qu’ils sont moins faibles et plus nombreux qu’ils ne sont réellement.

Un recueil d’oraisons funèbres par M. Maboul, évêque d’Alais, est le dernier ouvrage discuté. Ces discours, les plus