Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On va jouer dans trois ou quatre jours une comédie de Voltaire en trois actes et en vers. Vous connaissez le célèbre roman anglais intitulé Paméla ; c’est de là qu’est pris le sujet de la comédie. — Les comédiens donneront d’abord, après, les Amazones, tragédie de Mme du Bocage. Cette pièce ne naît pas sous un astre favorable, et le public est extrêmement prévenu contre elle.


LI

Il y a longtemps qu’on cherche pour aller aux grandes Indes un chemin plus court que celui qu’on est obligé de prendre. De très-habiles gens ont imaginé qu’on parviendrait à le trouver par la baie d’Hudson. Henri Ellis, gentilhomme anglais, y a fait, en 1746 et 1747, un voyage dont on vient de nous donner une assez bonne traduction[1]. Cette relation est en trois parties : la première est l’histoire des expéditions entreprises durant un assez grand nombre d’années pour faire réussir cet important projet ; la seconde renferme un détail bien circonstancié des découvertes qu’a faites cet Ellis ; la troisième roule sur des raisons, la plupart fort bonnes, qui doivent faire espérer que ce passage réussira. Le premier morceau est exact, net et précis et sec. Le second renferme quelque chose de l’histoire naturelle des mœurs, du commerce des sauvages qui habitent les bords de la baie ; mais il n’y a rien dans tout cela de naïf, de piquant, ni d’intéressant. Le troisième est d’un bon physicien et d’un homme qui a de la pénétration. En général, le ton dont est écrit cet ouvrage n’est point agréable ; il paraît fait par un homme du métier et pour les gens du métier.

— Il paraît une traduction en vers du Temple de la renommée, célèbre poëme de M. Pope. Le poète feint qu’il a vu ce monument dans un songe ; son imagination le transporte dans les airs et lui présente un superbe édifice où la Renommée qui y préside décide souverainement de la réputation des hommes.

  1. Voyage à la baie d’Hudson, fait par la galiote le Dobs et la Californie, en 1746 et 1747, pour la dérouverte d’un passage au notd-ouest, avec une description exacte de la côte et un abrégé de l’histoire naturelle du pays. (Traduit de l’anglais par Sellius.) Paris, 1749, 2 vol. in-12.