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acteurs du premier sont inhumés sans contestation comme le reste des chrétiens ; les acteurs du second, par une bizarrerie dont on ne saurait rendre raison, sont excommuniés et privés des honneurs de la sépulture. L’acteur dont la maladie a fait suspendre les représentations d’Aristomène a été visité par son pasteur, qui voulait l’engager à renoncer à sa profession. Celui-ci n’a répondu à toutes les exhortations qu’on lui a adressées sur ce sujet que ce vers fort connu d’une de nos tragédies :

Seigneur, n’abusez pas de l’état où je suis.

Des dispositions si peu chrétiennes ont allumé la bile du curé ; il a menacé d’une mort prochaine et funeste un acteur qui est déjà rétabli et qui va remonter sur les planches dans peu de jours.

— Il y avait seize ou dix-sept ans que Rémond de Saint-Albine, auteur du Comédien, faisait la Gazette de France. Il vient d’être privé de cet avantage, parce qu’il s’est trouvé un homme qui a offert de l’écrire à meilleur marché, et cet homme c’est le chevalier de Mouhy. Un ouvrage si important ne pouvait tomber en de plus mauvaises mains. Le nouveau gazetier est totalement décrié, à prendre ce mot dans toute l’étendue qu’il peut avoir.

— J’ai eu l’honneur de vous marquer dans ma dernière lettre que M. de Montazet, évêque d’Autun, était comme désigné pour remplir la place vacante à l’Académie française par la mort de M. Amelot. L’évêque de Troyes, M. Poncet de La Rivière, a dérangé tout cela en se mettant sur les rangs. L’Académie, ne pouvant se déterminer sur le choix d’un des deux prélats, a nommé M. le maréchal duc de Belle-Isle. Il sera reçu sur la fin du mois, et personne ne doute que le P. de La Neuville, jésuite célèbre, ne fasse son discours de réception. La chanson qui a couru lorsqu’on croyait que l’évêque d’Autun remplacerait M. Amelot en a rappelé trois ou quatre autres sur des sujets à peu près semblables. Comme elles sont jolies et qu’apparemment vous ne les avez pas sues dans le temps, je vais les transcrire ici.

Les académiciens, pour être payés de leurs jetons, étant dans l’usage d’offrir une place au contrôleur général des finances,