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Ainsi, sous un grand appareil,
On peut, dans le siècle où nous sommes,
Par les seuls degrés du soleil
Calculer la valeur des hommes.
Sur ce point seul, législateurs,
Établissez bien vos maximes,
Dirigez les lois et les mœurs,
Distinguez les vertus des crimes.
Sur l’air réglez vos sentiments ;
Un pays devient despotique,
Républicain ou monarchique
Par la force des éléments.
La liberté n’est qu’un vain titre,
Le culte un pur consentement,
Et le climat seul est arbitre
Des dieux et du gouvernement.
Ce n’est point un esprit critique
Qui me sert ici d’Apollon :
Voilà toute la politique
De notre anonyme Solon.

— L’abbé de La Porte publia, il y a un an, un Voyage au séjour des ombres[1], c’était une critique, plus élégante que piquante, de la plupart des nouveautés littéraires. La suite de cet ouvrage paraît depuis peu de jours. C’est un réchauffé de tout ce qui a été dit sur Denys le Tyran, sur Séminaris, sur Carilina, sur quantité d’autres ouvrages moins importants. L’auteur, plus dévot que politique, attaque le livre des Lois du côté de la religion. M. de Montesquieu avait avancé que c’était le climat qui déterminait les peuples à embrasser un culte plutôt que l’autre. On le presse ici sur cela, et il faut convenir que sa logique est peut-être aussi en défaut que sa foi sur ce point important. L’abbé de La Porte a semé dans sa brochure trois ou quatre anecdotes que vous ne serez pas fâchée de trouver ici.

Lorsque l’abbé Prévost publia la Vie de Cicéron, il l’envoya à l’abbé Desfontaines ; celui-ci le remercia de son présent, lui dit qu’il le trouvait admirable, et qu’il le critiquerait pourtant dans son journal, par la raison que si Alger était en paix avec tout le monde, Alger ne pourrait pas vivre.

  1. 1749, in-12.