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NOUVELLES LITTÉRAIRES

L’une a le rire de Vénus
L’L’autre est froide et pincée ;
Salut à la belle aux pieds nus,
L’Nargue de la chaussée.

Avant de finir cet article, j’aurai l’honneur de vous dire que Mlle Gaussin, notre meilleure actrice pour les rôles tendres dans la tragédie et pour les rôles naïfs dans la comédie, a reparu au théâtre après huit mois d’absence. M. le maréchal duc de Richelieu l’a déterminée à continuer sa profession, dont elle était dégoûtée, en lui faisant donner une pension sur la cassette du roi. Jeudi dernier, Mlle de Boimesnard débuta au Théâtre-Français dans les rôles de soubrette. On lui a trouvé quelque finesse, mais pas assez de vivacité, à la place de laquelle elle met de la précipitation ; sa figure serait plus assortie à d’autres rôles qu’à celui qu’elle fait ; elle l’a plus belle que piquante.

M. d’Égly, auteur du Journal de Verdun et d’une mauvaise Histoire de Naples, vient de donner au public une traduction française de la Callipédie, on l’art de faire de beaux enfants[1].

Ce poëme, composé en latin par l’abbé Quillet, durant la minorité de Louis XIV, est divisé en quatre chants. Le premier traite du choix des époux ; le second, du devoir conjugal ; le troisième, de la grossesse des femmes et de la nourriture convenable pour faire des enfants robustes ; le quatrième, qui est sans contredit le plus beau, de la façon dont on doit instruire les enfants dès qu’ils sont nés pour les engager à connaître, à aimer et à servir le Créateur.

La poésie de cet ouvrage est tendre, facile, ingénieuse, élégante et harmonieuse. Vous y verrez ce que le sujet renferme de plus libre, mais une gaze légère vous donnera occasion de deviner ce que l’auteur ne pouvait pas développer avec décence. Le traducteur a rendu par des grossièretés les finesses de son original, ou bien il ne les a pas rendues. Tantôt c’est l’étourdi de la comédie qui fait entendre ce qu’il fallait cacher, tantôt c’est un sot qui embrouille ce qu’il fallait éclaircir.

Lorsque Quillet donna son poëme, il y inséra des vers sanglants contre le cardinal Mazarin, dont il n’était pas content.

  1. Paris, Durand, 1749, in-8. D’après Quérard, le sous-titre de cette traduction serait : Manière d’avoir de beaux enfants.