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docien[1]. Cette espèce de poëme en prose est divisé en cinq chants ; l’idée en est folle. Diabotanus, héros de ce roman, est, comme le porte son nom, un suppôt d’Esculape. Sa naissance est miraculeuse, son enfance annonce ce qu’il sera dans la suite : la fièvre, les maladies mortelles, les poisons seront sans force devant lui. En effet, à peine a-t-il atteint un âge raisonnable que la mort même lui devient soumise. Mais une furie échappée de l’enfer voit avec frémissement les succès du jeune Diabotanus. Elle va trouver l’Amour, et l’Amour sert sa vengeance. Le beau Diabotanus devient amoureux de la fille de l’apothicaire où il loge, appelée Ventousienne. Cette passion ralentit l’ardeur du travail de Diabotanus : il n’est plus occupé qu’à soupirer mollement dans les bras de sa maîtresse. Pendant ce temps-là toutes les maladies reprennent leurs forces, et le Tartare est rempli d’ombres gémissantes auxquelles l’indolence et l’inaction de Diabotanus ont laissé passer l’onde noire. Mais Minerve, protectrice de Diabotanus, le retire de sa léthargie et lui fait voir la lâcheté de sa conduite. Il se résout à quitter Ventousienne. Le moment du départ arrive ; l’infortunée Ventousienne ne peut voir sans douleur l’ingratitude de son amant ; elle met obstacle à son départ, mais en vain ; déjà il est éloigné d’elle et il arrive dans le sein de sa famille où il est reçu à bras ouverts. Là il s’occupe de nouveau de la connaissance des plantes, et Esculape lui fait présent d’un secret admirable. Mais lorsque Diabotanus veut le mettre en usage, il essuie tous les traits de l’envie et de la calomnie, Enfin, dans un songe, une divinité bienfaisante s’offre à ses regards et le comble de présents qui consistent en mortiers, en seringues, en canons, en fioles, etc., d’un métal précieux. Diabotanus se réveille et trouve tous ces vases, présage heureux de la victoire qu’il remporte sur ses ennemis. La seringue et le mortier sont gravés artistement et représentent les différentes aventures de Diabotanus, surtout celles qu’il a eues avec l’amoureuse Ventousienne. On voit cette amante aux pieds du charmant Diabotanus : il ne peut la regarder sans soupirer, mais Minerve arrête le trait de l’Amour. Enfin le mortier représente les travaux du grand Dia-

  1. Paris, 1749, in-12. Réimprimé sur le titre de la Thériacade, 1769, 2 vol. in-12. L’auteur, Claude-Marie Giraud, médecin, né à Long-le-Saulnier en 1711, est mort à Paris vers 1780.