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Brueys, le Grondeur en un acte ; Brueys le mit en trois, ce qui fit dire joliment à Palaprat : « J’avais envoyé une montre d’Angleterre à mon associé, il en a fait un tournebroche. » Comme la maison de M. de Vendôme était extrêmement dérangée et qu’on y faisait bonne chère un jour à condition qu’on n’y mangerait point d’une semaine, Palaprat disait plaisamment : « Dans cette maison on ne peut mourir que d’indigestion ou d’inanition. »

Les Comédiens français avaient arrêté dans leur assemblée, en 1696, qu’on prélèverait chaque mois sur la recette une somme qui serait distribuée aux communautés religieuses les plus pauvres de la ville de Paris. Les cordeliers leur présentèrent le placet suivant sur lequel on pourrait faire des réflexions assez plaisantes :

« Messieurs, les pères cordeliers vous supplient très-humblement d’avoir la bonté de les mettre au nombre des pauvres religieux à qui vous faites la charité. Il n’y a pas de communauté à Paris qui en ait plus besoin, eu égard à leur grand nombre et à l’extrême pauvreté de leur maison, qui le plus souvent manque de pain ; l’honneur qu’ils ont d’être vos voisins leur fait espérer que vous leur accorderez l’effet de leur prière, qu’ils redoubleront envers le Seigneur pour la prospérité de votre chère compagnie. »

Le bonhomme Péchantré, auteur de la très-belle tragédie de Géta, avait une bague qui valait bien cent pistoles, dont un de ses amis l’avait prié de se défaire. Il en parla par hasard à Campistron, son ami ; celui-ci le pria de la garder quelques jours : « On va jouer une tragédie nouvelle, ajouta-t-il, et je m’en accommoderai, » Péchantré, qui trouva à s’en défaire, ne jugea pas à propos d’attendre le succès de la pièce de son ami. Il se trouva à la première représentation ; le parterre recevait fort mal cette tragédie. Péchantré aperçut par hasard Campistron derrière un pilier, aux troisièmes loges ; il y monta, et lui dit : « Veux-tu ma bague ? je l’ai gardée. »

Riupéroux, auteur de la tragédie d’Hypermnestre, avait quitté le petit collet pour être secrétaire de M. le marquis de Créquy. Ce seigneur devait jouer chez le roi ; il avait 1,000 louis qu’il destinait pour cela, et comme il craignait de ne les pouvoir garder pour cette occasion, il les mit entre les mains de Riupé-