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XXXVII

MM. Parfait viennent de publier le quinzième volume de leur Histoire du Théâtre-Français. C’est, comme vous savez, un extrait de toutes les pièces qui ont été représentées sur ce théâtre depuis l’origine de notre comédie jusqu’à nos jours. Cet ouvrage est exact, mais il n’est que cela ; si vous vous donnez la peine de le parcourir vous n’y trouverez ni légèreté dans le style, ni finesse dans les réflexions, ni sagacité dans la critique. Je vais recueillir quelques anecdotes qui y sont répandues, et je tâcherai de leur donner un peu plus d’agrément qu’elles n’en ont dans la compilation dont je les tire.


épigramme de gacon
contre la tragédie de scipion,
par pradon,
laquelle fut jouée en carême, et sifllée comme les autres ouvrages de cet auteur :

Prêt à seDans la pièce de Scipion
Prêt à sePradon fait voir ce capitaine
Prêt à se marier avec une Africaine.
Prêt à seD’Annibal il fait un poltron.
Ses héros sont enfin si différents d’eux-mêmes
Qu’un quidam, les voyant plus masqués qu’en un bal,
Dit que Pradon donnait, au milieu du carême,
Prêt à seUne pièce de carnaval.

Vous connaissez sûrement le Joueur, de Regnard, la meilleure comédie qui ait paru sur le Théâtre‑Français depuis Molière, mais vous ignorez peut-être que Rivière-Dufresny a traité le même sujet avec beaucoup moins de succès. Ces deux auteurs s’accusèrent réciproquement de plagiat, ce qui donna occasion à l’épigramme suivante :

En chercUn jour Regnard et de Rivière,
En cherchant un sujet que l’on n’eût point traité,
Trouvèrent qu’un joueur ferait un caractère
En chercQui plairait par sa nouveauté.