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mieux en musique que la cour, en jouit maintenant et lui fait plus d’accueil.

Dans la première entrée, un peuple instruit, respirant l’amour et le plaisir, vient à bout d’adoucir un peuple d’Amazones sauvages ; cette entrée est remplie d’un spectacle noble et intéressant.

La seconde entrée est une fête qu’on célébrait dans l’Égypte en l’honneur du dieu des eaux. Ce jour de joie devait être ensanglanté par le sacrifice d’une jeune fille, lorsque le dieu du Nil sortit des eaux pour s’opposer à un sacrifice aussi barbare. Cette entrée est un peu froide, mais elle est soutenue par le débordement du Nil qui est peut-être la plus belle décoration qu’on ait vue sur notre théâtre.

Dans la troisième entrée, Aruéris, reconnu chez les Égyptiens pour le dieu des Arts, donne une fête où les arts disputent le prix entre eux ; sa maîtresse remporte celui de la voix, et c’était le but qu’il s’était proposé ; il y a dans cette entrée une musette fort applaudie, la voici :

Ma bergère fuyait l’amour.
Mais elle écoutait ma musette ;
Ma bMa muse discrète,
MaPour ma flamme parfaite
N’osait demander du retour.
Ma bergère aurait craint l’amour.
Mais je fis parler ma musette ;
Ses sons plus tendres chaque jour
Lui peignaient mon ardeur secrète ;
Si ma bouche restait muette
Mes yeux s’expliquaient sans détour.
Ma bergère écoutait l’amour
Croyant écouter ma musette.


Avant qu’on ne jouât les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour, on avait donné Pygmalion, qui avait occasionné ces jolis vers du célèbre M. Piron :

Certain sculpteur d’amour, je sais le fait,
En façonnant une sienne statue,
La tâtonnait ; tout tâtonnant disait :
« Que de beautés ! si cela respirait,