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Un coup fournit un coup ; un coup ôte la force ;
AmisUn coup la rend, un coup l’abat.
Ainsi de coups en coups, amour, vin délicat,
AmDe leurs plaisirs se fournissent l’amorce.
De ce climat charmant, amis, que pensez-vous ?
Hé bien, ce beau pays, cadédis, est à vous,
AmisUne campagne en fait l’affaire.
Et vous, mes officiers, eh donc ! qu’allez-vous faire ?
AmisIrez-vous tonner sur vos choux.
AmBattre manants, pisser au cimetière,
Et vous amouracher, gentillàtres hiboux,
AmisD’une chouette dindonnière ?
Sandis, voudriez-vous, ainsi que hobereau
AmisTraîner une antique rapière,
Courir trois jours pour tuer un perdreau.
Et pour mieux illustrer votre noble misère
Monter un rossinante, entonner un cornet,
Pour forcer un vieux lièvre et le mettre en civet ?
Que la gloire et l’amour et Bacchus nous rassemblent.
AmisEt que, peint sur nos étendards.
AmisOn voie Amour trempant ses dards
AmisDans le jus du vainqueur de l’Inde ;
Voilà notre oriflamme ! Allons en paladins,
AmisLe sabre au poing, pourfendre Sarrasins
Et retirer des fers et Cythère et le Pinde.
La Grèce est le berceau des amours et des arts ;
Laïs y vit le jour aussi bien que Sophocle.
On y vit des buveurs, des favoris de Mars,
Et le même climat où naquit Thémistocle
Vit boire et soupirer le tendre Anacréon.
Marchons, qu’hésitons-nous, ribauds, mes camarades ?
Courons planter la vigne au pied de l’Hélicon,
Nous verrons accourir les Grâces, les Ménades.
AmisAu fond du verre et du flacon
AmisPiquant propos, tendre chanson,
AmGaze voilant la moitié d’un téton,
Feront naître désir de goûter accolades ;
AmisAmour sera notre Apollon ;
AmisIl chantera nos baisers, nos rasades ;
Sur ses ailes la gloire ira porter le nom
AmDe la plus belle des croisades.

— L’Académie des sciences a tenu son assemblée publique le 15 de ce mois. Le secrétaire perpétuel, M. de Fouchy, y lut l’éloge du fameux bernouilli, géomètre de Bâle. C’eût été un