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XXXV

On continue à accabler Voltaire d’épigrammes. Le Catilina de Crébillon, qu’on va jouer, a occasionné les vers suivants, dont j’ignore l’auteur :

Ton dernier essor poétique.
Cher Crébillon, réussira ;
Il peut amener la critique
Mais le prix lui demeurera.
Ton petit rival frénétique.
Sifflé sur la scène tragique
Comme il le fut à l’Opéra,
Voltaire, en un mot, se pendra ;
Catastrophe très-pathétique
Dont le public t’applaudira.


autre épigramme sur Sémiramis :

Nulle intrigue dans la pièce.
Point de mœurs, nul intérêt,
Folie et scélératesse ;
L’auteur s’est peint tel qu’il est.


— On va vendre incessamment la bibliothèque de l’abbé de Rothelin ; c’est une des plus riches de l’Europe en livres rares et en belles éditions. Cet abbé était homme de qualité, et passionné pour la gloire des lettres. Un de ses amis, médiocrement cultivé, lui alla demander un jour sa voix pour être reçu à l’Académie française. « Je sais, dit-il, que vous avez besoin d’argent ; voilà dix mille francs que je vous donne, et laissez-moi la liberté de mon suffrage. »

— Je ne sais si vous ne trouverez pas la pièce suivante un peu longue, mais comme elle fait beaucoup de bruit et que sûrement elle ne sera pas imprimée, j’ai cru que vous ne seriez pas fâchée de la trouver ici. J’ignore qui en est l’auteur ; on l’attribue à tant de gens qu’il est difficile de rien dire de positif sur cela.