Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont des contes de quelques pages, détachés les uns des autres et qui sont extrêmement froids. Point d’instruction ; ces contes roulent sur des matières frivoles ou sur quelques objets de morale superficiellement traités. Point de sentiment ; je ne me souviens pas d’avoir guère lu rien d’aussi sec ; peu d’esprit ; les pensées y sont rares et même fort communes. Il règne, en revanche, dans ce petit ouvrage, une correction de style, un naturel d’expression, un respect pour les mœurs et pour le culte reçu, qu’on n’avait vu depuis longtemps dans aucun livre de ce genre.

Les gens du monde, les femmes principalement, en font peu de cas ; les vrais connaisseurs et les gens du métier en pensent beaucoup plus avantageusement. On ne sait à qui attribuer ce roman, parce qu’il ne ressemble, pour la manière, à aucun de ceux qui ont paru jusqu’ici.


XXXII

— Notre ministère s’étant aperçu que la peinture, qui avait fait des progrès si rapides en France sous le règne du feu roi, commençait à diminuer, imagina, il y a assez longtemps, l’usage d’une exposition annuelle où le public jugerait des talents des artistes et du degré d’estime qui leur serait dû. Outre ce jugement public, nos peintres ont eu à essuyer, il y a deux ans, la critique particulière de M. de La Font, l’année dernière celle de l’abbé Le Blanc, et cette année celle d’un anonyme dont il parait que les connaisseurs louent assez l’exactitude et l’impartialité[1]. Les deux tiers de cette nouvelle brochure sont un examen peu agréable des ouvrages de MM. de La Font et Le Blanc ; le reste est employé à examiner les tableaux de cette année, lesquels sont universellement jugés inférieurs à ceux des années précédentes.

  1. MM. de Montaiglon et J.‑J. Guiffrey ont donné l’un et l’autre la bibliographie de cette brochure intitulée Lettres sur les peinture, sculpture et architecture. M***, 1748. in-12, et Amsterdam, 1749 (édition augmentée) ; mais ils n’en font pas connaître l’auteur.