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épigramme sur la Sémiramis de voltaire.

Et laMalgré la fureur du parterre
Et la prévention de quatre cents amis,
Et laJ’ai vu tomber Sémiramis,
Le tombeau de Ninus et celui de Voltaire.

M. l’abbé de La Porte vient de publier une brochure sous ce titre : Voyage dans le séjour des ombres[1]. C’est un jugement superficiel, trivial et commun de la plupart de nos écrivains. Cette satire, mêlée de prose et de vers, n’est point absolument mal écrite, mais il n’y a point de logique, point d’ordre, point de sel, et, quoique l’ouvrage soit court, l’auteur emploie les trois quarts de son terrain en inutilités et en épisodes.

— Je crois vous avoir envoyé des vers assez agréables de M. de Fontenelle, le doyen des beaux esprits de l’Europe, dans lesquels il se plaignait que la vieillesse, si honorée chez les anciens, ne l’était pas de même chez les modernes[2]. Ces vers en ont occasionné d’autres que voici :

Fontenelle, en faveur de Sparte et de la Grèce,
FontTu fais injure à ton pays.
FontIgnores-tu que tout Paris
FontHonore, admire la vieillesse ?
Le monde policé retentit de ton nom ;
Tout fut, tout est toujours facile à ton génie.
L’art de toucher encor la lyre d’Apollon
Ainsi qu’aux plus beaux jours de ta brillanterie
Te répond des regrets, des vœux de ta patrie.
FontLes regrets sont hors de saison.
FontEt ton sort est digne d’envie
Puisque ton âge enfin respecte la raison.

— Vous avez vu, dans ma dernière lettre, quelques particularités sur Charles II, roi d’Espagne ; en voici de plus agréables sur Charles II, roi d’Angleterre.

Charles aimait à faire ce conte : « Dans le temps, disait-il,

  1. Voyage au séjour des ombres, 1748, in-12.
  2. Raynal ne les a pas transcrits précédemment.