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LE BARON DE GRIMM

(ÉCRIT EN 1808)



La vie du baron de Grimm fut à la fois fort active et fort retirée, longtemps assez obscure, mais presque toujours en rapport avec les destinées les plus brillantes de son temps ; vers le déclin de l’âge, il se vit honoré des distinctions les plus flatteuses, parvint sans effort et sans intrigue à la faveur, aux dignités, et n’en resta pas moins fidèle à son caractère, à ses principes, s’écarta même le moins qu’il fut possible de la modestie et de la simplicité de ses premières habitudes, cependant sans affectation d’indépendance ou de singularité.

Tout ce que je sais de sa première jeunesse, c’est que, né à Ratisbonne, de parents respectables[1] mais d’une fortune médiocre, il fut envoyé de bonne heure à l’Université de Leipzig. Il y suivit surtout, avec une grande application, les leçons du célèbre Ernesti et très-particulièrement son cours sur les Offices de Cicéron. Je lui ai souvent entendu parler de la profonde impression que lui fit le point de vue sous lequel ce savant instituteur avait pris à

  1. Son père était superintendant ou doyen des églises luthériennes de ce pays.
    (Meister.)

    Frédéric-Melchior Grimm était né le 26 décembre 1723.

    M. le professeur F. Wolpaert a bien voulu nous communiquer son acte de baptême. En voici la traduction :

    « Acte de baptême. — Frédéric-Melchior, fils légitime de bien honorable et bien savant M. Grimm, prédicateur évangélique ici, et de sa femme Sibylle-Marguerite, fut baptisé le 26 septembre 1723 par M. Érasme-Sigismond Alkofer. Parrain, le-bien honorable et noble M. Frédéric Reinhardt, bourgeois et marchand d’ici en même temps qu’assesseur de la justice seigneuriale. »