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Qu’iLa paix n’est pas la seule voie.
Qu’il traite ses sujets comme les ennemis,
Qu’iQu’il rende ce qu’il leur a pris,
Qu’iOn verra bien des feux de joie.


— Le poëte Piron, auteur de la plupart des épigrammes vives, satiriques, qui courent le monde, vient de répandre celle-ci :


ÉtaiEn qualité de pénitent,
ÉtaiUn grivois aux pieds d’un jésuite
Était prêt d’avouer sa gaillarde conduite.
ÉtaiLe Père lui dit : « Mon enfant,
ÉtaiSi Dieu vous a fait moliniste,
ÉtaiJe puis entendre votre cas ;
ÉtaiMais si vous êtes janséniste.
Point de confession… — Mais je ne le suis pas.
Po— Dieu soit béni ! vous êtes donc des nôtres ?
— Non, je suis du parti qui se f… des deux autres. »


Les PP. Catrou et Rouillé, jésuites, ont publié, il y a quelques années, une Histoire romaine, en vingt volumes in-4o qui était restée à Tibère[1]. Cette histoire avait eu d’abord quelque succès parce qu’on n’en avait point d’autre et qu’elle était remplie d’esprit et de recherches. On a senti depuis que le style de cet ouvrage est précieux presque partout, qu’il y règne un air de déclamation insupportable dans une histoire de cette étendue, que les auteurs se sont permis sans aucune nécessité de faire un grand nombre de mots nouveaux, et le plus souvent burlesques ; que la plupart des réflexions semées dans cet ouvrage sont ou fausses ou dénaturées ; pour tout dire, en un mot, on a trouvé fort bon le fond de cet ouvrage et la forme détestable. Ce jugement a donné lieu à l’abbé Desfontaines de traduire en notre langue l’Histoire romaine, de Laurent Échard, qui est trop sèche, et à M. Rollin de composer une Histoire romaine qui est fort languissante et très-inférieure à son Histoire ancienne. Les jésuites, qui voudraient ressusciter leur Histoire romaine, viennent de la faire continuer par le P. Routh, connu par des Lettres critiques

  1. Histoire romaine depuis la fondation de Rome j’usqu’en l’an 47 après J. ‑C. Paris, 1725‑1735, 21 vol. in-4o, ou 1737, 24 vol. in-12. Le P. Routh n’a publié qu’un seul volume de la continuation annoncée.