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Épigramme allégorique dans laquelle le poëte Roy est comparé à Hercule, et l’Académie au peuple pygmée.


Un jour le peuple pygmée,
La taille au-dessous de fourmi,
Sur le bon Hercule endormi
Vint s’assembler en corps d’armée.
Tout le camp d’aiguillons muni
À le picoter s’évertue ;
Que fait Hercule ? Il éternue :
Et voilà le combat fini.


Lorsque M. d’Argenson a été reçu à l’Académie française, il a eu des concurrents, entr’autres l’abbé Le Blanc, cet auteur si haï et si méprisé. Cela a donné occasion au poëte Roy de faire l’épigramme suivante, dans laquelle M. d’Argenson est comparé à Ulysse, et l’abbé Le Blanc à Irus.


Parmi tous les aspirants
À l’hymen de Pénélope,
Irus, plus hideux qu’Ésope,
Irus se mit sur les rangs.
Ulysse vint : son épée
Du sang des rois fut trempée ;
Pour Irus, dès qu’il le vit,
Un coup de poing l’en défit.


— Nous venons d’être témoins d’un mariage fort singulier. Mlle Staffort vient d’épouser Crébillon le lils, auteur de beaucoup d’ouvrages ingénieux. Il lui avait fait déjà un enfant. Comme ils sont tous deux extrêmement pauvres, on a dit que c’était la soif qui avait épousé la faim, et on a appelé cette union la continuation des Égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon. C’est le titre d’un agréable roman de cet écrivain voluptueux. Mlle Staffort est tante de milord Staffort qui s’est retiré en France.