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qui vient d’être reçu dans ce corps, est le Vert‑Vert. Cette ressemblance a donné occasion à l’épigranmme suivante, qui est du poëte Roy.

Le Parnasse a tant de roquets,
Recevez Gresset, je vous prie ;
Montez votre ménagerie :
Après les chats, les perroquets.

— J’ai eu l’honneur de vous envoyer, dans ma dernière lettre, une épigramme où l’on se plaignait de l’inaction de l’Académie. En voici une autre, du poëte Roy, où cette inaction est applaudie.

Plats Allez remplir la quarantaine,
Plats auteurs dont les vers m’ont causé la migraine.
Plats Est-on là ? L’on ne fait plus rien,
Plats Et le public s’en trouve bien.


XXI

On vient de nous donner une Histoire des Sarrasins[1], traduite de l’anglais. Cet ouvrage n’a eu aucun succès, et n’en méritait point. Il est écrit d’un style entièrement sec, la narration est trop uniforme. Tous les faits se ressemblent et sont cousus bout à bout sans liaison. On ne voit jamais la raison des événements qui occupent la scène. Point de réflexions, point de portraits, point de politique. Que vous dirai-je encore ? C’est, je crois, l’histoire la plus ennuyeuse que j’aie lue de ma vie ; elle manque essentiellement d’intérêt, le plus grand de tous les défauts que puisse avoir un livre.

— Notre nation, qui est livrée si ordinairement à la bagatelle, s’occupe quelquefois d’objets graves et importants. Voici un procès, partie littéraire, partie politique, qui fait du bruit. M.  d’Argenson, ministre de la guerre, s’étant déchargé du détail des hôpitaux militaires sur M.  de Fontanieux, celui-ci, qui n’a pas

  1. Histoire des Sarrasins, traduite de l’anglais de Simon Ockley (par A. Fr. Jauld) Paris, 1748, 2 vol. in-12.