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Ainsi finit le prologue. Voici le fond de l’intrigue du ballet. Dans le premier acte, Zaïs, génie de l’air, est épris des charmes de la belle Zélidie, simple bergère et par conséquent mortelle. Zelidie, qui ne connaît son amant que sous les traits d’un berger, adore Zaïs de son côté. Cindor, sylphe, confident de Zaïs, veut engager son ami à ne prendre que ce qu’il y a d’aimable, et à en jouir avec les prérogatives d’un être immortel ; mais ses conseils ne sont point écoutés. Zélidie, au même instant, paraît ; Cindor reste invisible à ses yeux, et elle ne voit que Zaïs. Ils vont tous deux célébrer la fête de l’Amour, et lorsqu’ils sont dans son temple, l’Amour prononce un oracle que Zaïs interprète et qui l’éclaire sur sa tendresse et sur son bonheur.

Dans le deuxième acte, Zaïs, pour s’assurer de l’amour de Zélidie, et voir si elle ne serait point tentée par l’éclat de la grandeur, veut l’éprouver. Il ordonne à Cindor de feindre, et aux zéphirs de transporter, dans sa brillante cour, le tendre objet de son inquiétude. Zélidie, étonnée dans ce brillant et nouveau séjour, redemande son cher Zaïs. Cindor lui dit de l’oublier, qu’il est indigne de ses fers, et qu’elle doit écouter plutôt un génie puissant qui brûle pour elle ; mais en vain il lui étale toute sa puissance, en vain il rompt la chaîne des aquilons et fait gronder la foudre ; Zélidie s’écrie :

Quels éclats, quelle terreur soudaine !

CINDOR

On ne connaît ici le trouble ni l’effroi.
Ce n’est que sous nos pieds que gronde le tonnerre.

ZÉLIDIE

Hélas ! je ne crains rien pour moi,
Mais mon amant est sur la terre.

Cindor offre à Zélidie de la rendre immortelle, mais Zaïs mourrait : c’en est assez pour lui faire refuser l’immortalité. Le génie lui prouve le pouvoir qu’elle a sur son cœur, et lui donne un bouquet dont il suffit de respirer l’odeur pour voir remplir tous ses vœux. Zélidie en fait l’épreuve sur-le-champ. Zaïs paraît, Zélidie lui donne ce bouquet et lui annonce qu’il a, dans Cindor, un rival puissant et redoutable.