Au jeune homme l’air éventé,
Toi qui des cheveux blancs malpropres
Du scrupuleux Bérullien,
Marques la perruque si bien
Qu’on la prend pour ses cheveux propres.
Toi qui… mais hélas ! que me font
Ces titres pompeux, cher La Font,
Si, toujours sourd à ma prière.
Des crins inquiétants sur mon front
Tu ne recules la barrière.
Conserverai-je un front étroit
À l’inutile modestie ?
Ah ! trace-m’en du moins un doigt
Pour quelque peu d’effronterie.
C’est par elle qu’en ces lieux-ci
Nos plats messieurs ont réussi ;
Viens donc m’en agrandir la marge,
Mais garde-toi bien cependant
De le dessiner aussi large
Que celui de l’abbé Le Blanc.
— M. Roy, poëte célèbre, dont j’aurai quelque jour l’honneur de vous faire l’histoire, vient d’adresser la pièce suivante à Mme la marquise de Pompadour. Ce sont des vers allégoriques sur le talent qu’elle a de jouer admirablement la comédie :
Qu’élevée au-dessus du sort d’une mortelle
La jeune Hébé triomphe au céleste séjour,
Elle en était bien digne, et les ris et l’amour
Pour revivre avaient besoin d’elle.
Je consens qu’avec tant d’attraits
Les syrènes encor lui donnent
Le mérite des chants parfaits,
Et que les Grâces lui pardonnent
Les larcins qu’elle leur a faits.
Mais moi, qui n’eus jamais pour plaire,
Que mes talents et mon emploi,
Pour me faire briller la scène est nécessaire ;
Hébé m’en dépossède ; et lorsque je la vois
Enchanter tous les dieux, il ne reste pour moi,
À réjouir que le vulgaire.
Les destins en la formant.
Ne m’ont laissé rien à faire.