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dont il était élève et ami. Piron appela alors Fréron un ver sorti du cadavre de Desfontaines,

— On vient de publier une Histoire d’Allemagne, en dix volumes in-4o[1]. C’est l’ouvrage d’un chanoine régulier de Sainte-Geneviève, appelé le P. Barre. C’est un homme qui a peu d’esprit, assez de sens, qui a travaillé durant vingt ans son ouvrage avec toute l’application dont un homme est capable, et qui a eu le secours des meilleures bibliothèques de l’Europe. Quand j’aurai lu ce grand ouvrage, j’aurai l’honneur de vous en entretenir en détail.


XIII

M. de Voltaire a adressé Mme  la marquise de Pompadour les vers suivants pour le premier jour de cette année. Si ce grand poëte eût pu être corrigé sur ses indécentes libertés, il y a longtemps qu’il le serait par les humiliantes aventures qu’elles lui ont attirées.


      Ainsi donc, vous réunissez
Tous les arts, tous les goûts, tous les talents de plaire,
      Pompadour, vous embellissez
      La cour, le Parnasse et Cythère.
Charme de tous les cœurs, trésor d’un seul mortel,
      Qu’un sort si beau soit éternel.
Que vos jours précieux soient comptés par des fêtes.
Que de nombreux succès marquent ceux de Louis.
      Soyez tous deux sans ennemis.
      Et gardez tous deux vos conquêtes[2].

— Vous connaissez le poëme si sublime et si bizarre du Paradis perdu et l’admirable traduction qu’on nous en a donnée dans notre langue. Mme  du Bocage, bourgeoise de Normandie, qui vit

  1. Histoire d’Allemagne avant et depuis l’établissement de l’empire jusqu’à François. Paris, 1748, 11 vol. in-4o.
  2. Ce madrigal et les stances Souvent la plus belle princesse, etc., furent cause de l’exil de Voltaire. Voir G. Desnoirosterres, t. III, p. 150 et suivantes.