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Pour nous conformer à un usage introduit par nos éditeurs et que nous voudrions voir toujours adopter dans les réimpressions de cet(e nature, nous faisons suivre cet avertissement de la notice de Meister sur celui dont il fut le secrétaire et le collaborateur assidu. Aussi bien, c’est ce document, où respirent la bonne foi et la sincérité que trahissent les divers écrits de l’auteur, qui a fourni depuis soixante ans les éléments de toutes les biographies de Grimm. Nous l’avons complété en certains points par des actes officiels inédits et par la publication d’un Mémoire imprimé en 1868 dans le tome II du Recueil de la société historique russe. Bien qu’il n’embrasse qu’une phase restreinte de la vie de Grimm et qu’il nous le montre sous un jour nouveau, puisque le zélateur des plus hardis philosophes du siècle y gémit sur l’abolition de droits « qui subsistaient depuis des siècles », tout comme les volontaires de l’armée de Condé dont il partageait la mauvaise fortune, ce Mémoire est le résumé de la carrière diplomatique pour laquelle il se sentit de bonne heure un vif attrait et qui fit le malheur de sa vie ; car les exactions dont il se plaint à juste titre n’eurent assurément pas d’autre origine.

Il n’existe en ce qui concerne Raynal ni témoignage contemporain de quelque valeur, ni récit autobiographique. La notoriété ne commence pour lui qu’à l’apparition de l’Histoire philosophique du commerce des Indes. Jusque-là, est échappé des instituts jésuitiques rédiger « à la solde des libraires » toutes sortes de compilations oubliées. Plus tard, sa fameuse lettre à l’Assemblée nationale déchaîne une croisade de pamphlets dont un seul a survécu, parce qu’il est signé d’André Chénier. À sa mort, enfin, paraît une brochure déclamatoire dont l’histoire n’a presque rien à tirer[1]. Il faut donc demander les traits caractéristiques de cette personnalité remuante à des mémoires comme ceux de Malouet, qui l’a bien connu sur son déclin ; aux Souvenirs de D. Thiébault ; aux lettres de Diderot à Mlle Volland. Quant aux dates précises, il suffira de rappeler que Raynal est né à Saint-Geniès (Aveyron), le 11 mars 1700 et qu’il est mort à Chaillot le 6 mai 1796.

Il ne pouvait être non plus question de rechercher un portrait et

  1. Éloge philosophique de G.-T.-F. Raynal, par Chérhal de Montréal. Paris, an VI, in-8.