Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuple romain ; action que Clovis n’aurait pas hasardée s’il eût dépendu de l’empire. En un mot, on voit que les Gaulois étaient assujettis au service militaire et pécuniaire. L’auteur tire une autre preuve de la guerre que Clovis fit à Gombault, allié des Romains, et des différentes guerres qu’il eut à soutenir contre les différents souverains de l’Occident. L’empereur d’Orient ne se mêla point de ces querelles, ce qu’il n’aurait pas manqué de faire s’il eût eu quelque autorité. Enfin M. de Nivernois combat encore le sentiment des auteurs qui veulent que Clovis ait dépendu de l’Empire parce qu’il accepta les ornements consulaires qu’on lui envoya. Il est prouvé que ce prince ne les accepta qu’après vingt-neuf ans de règne, et parce qu’il était avantageux d’être allié des Romains. Le temps ne me permit pas d’achever la lecture de cette dissertation, qui me parut bien écrite, exempte également de sécheresse et d’affectation. L’auteur est un jeune seigneur qu’une santé délicate a arraché aux travaux militaires et qu’un goût décidé tourne aux négociations. En attendant qu’il puisse aller en ambassade, il se livre aux muses. Il joint à une imagination vive et féconde une solidité et une justesse de raisonnement peu communes. Il a toute la politesse d’un courtisan et toute la franchise et la probité d’un honnête homme. Maître dans l’art aimable et charmant des Horace et des Tibulle, il prend quelquefois la lyre ; également propre à traiter les matières légères et badines et à discuter et approfondir les matières les plus sérieuses, tout ce qu’il dit ou écrit est frappé au coin de l’agrément et de l’utilité. Mécène et Virgile à la fois, il éclaire les gens de lettres par ses ouvrages et les sert de son crédit. Ingénieux et profond, délicat et solide, voilà son esprit ; sincère et généreux, modeste et plein d’une candeur trop naturelle pour craindre que la cour l’altère jamais, aimant le bien et le faisant, voilà son cœur. Un tel homme doit être bien singulier dans une cour aussi frivole et aussi corrompue que la nôtre.

— L’Académie des sciences s’assembla le 15. Le secrétaire de cette Académie, M. de Fouchy, y lut l’éloge qu’il a fait de M. La Peyronnie, le plus grand de nos chirurgiens. Cet ouvrage fut long, peu piquant, rempli de détails inutiles. Cet homme célèbre et véritablement illustre dans son art méritait un meilleur panégyriste. Un trait vous peindra cet artiste. Il fut appelé